Guillaume du Fay, précurseur de la musique polyphonique.

Le 27 décembre 1974, les élus cambrésiens donnent à l’ancienne rue neuve Saint-Nicolas qui joint la rue Saint-Georges à la place du Saint-sépulcre, le nom de Guillaume du Faÿ (ou du Fayt ou Dufay), un musicien célèbre dans le monde entier.
Son lieu de naissance vers 1400 reste imprécis : peut-être Chimay ou Cambrai (rien n’est attesté). Il reçoit sa formation musicale au diocèse de Cambrai comme puer altaris (enfant de chœur). Cambrai est à l'époque un important centre de musique religieuse, connu jusqu'au Vatican qui en fait venir des musiciens. Les maîtres de du Faÿ, célèbres musiciens du très prestigieux Philippe III, Duc de Bourgogne, sont des compositeurs intermédiaires entre l'Ars nova de Guillaume de Machaut et l'école franco-flamande dont du Faÿ va être le premier grand représentant.
Sa vie peut se partager en quatre périodes : apprentissage à Cambrai (jusqu'en 1419), période italienne (jusqu'en 1437), période itinérante entre plusieurs cours princières et retour définitif à Cambrai en 1459.
A l'âge de dix-sept ans, il est de la suite du Cardinal évêque de CAMBRAI, Pierre D’AILLY, au concile de Constance. Du Faÿ y rencontre Carlo Malatesta qui le prend en 1419 à sa cour de RIMINI. Il y reste jusqu'en 1428. De cette époque datent ses premiers motets. En 1428, il est ordonné prêtre à BOLOGNE. Pendant cinq ans (1428-1433), il séjourne à ROME où il intègre la cour pontificale comme membre de la chapelle papale. A la suite d'une insurrection, le pape Eugène IV est obligé de se réfugier à FLORENCE où du Faÿ le suit.
En 1433-1435, on le voit à CHAMBERY, à la cour de Savoie, qui est un centre d'échanges entre la France et l'Italie. Il revient à FLORENCE et, en 1436, compose pour l'inauguration du Dôme le motet Nuper rosarum flores (Voir la série « Les Médicis »). La même année, il reçoit un canonicat pour CAMBRAI, en effet, il est nommé chanoine de la cathédrale; mais avant de s'y fixer, il va passer douze années partagé entre plusieurs cours : celle de Ferrare, celle de Savoie, celle de Bourgogne, où est établi son illustre contemporain et ami Gilles BINCHOIS. Il acquiert au cours de ces années une notoriété considérable et jouit de l'estime et des faveurs de plusieurs monarques (Charles VII, Louis XI).
En 1459 de retour définitif à CAMBRAI il devient maître des petits vicaires,  il s'occupe d'une maîtrise d'enfants et  se consacre au service musical de la cathédrale,  jusqu'à sa mort le 27 novembre 1474. Cette dernière période de sa vie est musicalement la plus productive.

Guillaume Du fay et Gilles Binchois

Musicalement parlant, La musique de du Faÿ est la résultante de plusieurs influences complémentaires : l'art français de Machaut, dont il a certainement connu les œuvres, la « contenance angloise » de Dunstable, importante par les innovations harmoniques qu'elle a introduites (prédominance de la tierce), enfin l'influence italienne due à ses voyages.
 Compositeur très éclectique, du Faÿ a joué un rôle également important dans la musique profane et la musique religieuse.

Il laisse une œuvre  considérable et ses messes resteront pour l'époque la preuve d'un esprit de grande modernité. Avec du Faÿ, précurseur de la messe polyphonique, commence l'une des grandes époques de la musique française : l'école franco-flamande, issue de la guerre de Cent Ans et dont le rayonnement reste constant jusqu'à la fin du XVie siècle, dominant toute la musique occidentale.

Nota : Le Cardinal Pierre D’AILLY, Evêque de CAMBRAI (1397 – 1411). Savant docteur de l’Eglise dont la préoccupation majeure fut le règlement du grand schisme d’occident qui dédoublait la papauté depuis la scission du Sacré Collège suite à l’élection du pape Urbain VI en  1378.  A sa demande, il fut inhumé dans le chœur de la cathédrale de CAMBRAI en 1420.

Rédacteur : Daniel CAMPIN amichoriste.
Sources : Article Voix du Nord – Médiathèque d’agglomération de CAMBRAI – Fonds d’archives locales.